Le médecin tibétain voyage d’un village à l’autre
Traditionnellement, au Tibet, l’espace a toujours été abondant et développé, avec un nombre réduit de grandes villes, au profit de l’existence de nombreux petits villages et avec la cohabitation de deux modes de vie majeurs : le nomadisme et l’agriculture.
Pour répondre à ce problème de distance, et au fait que les agriculteurs ou les nomades ne peuvent quitter aisément leurs troupeaux et voyager un ou plusieurs jours durant, ce sont donc les médecins qui voyagent vers les malades plutôt que le contraire.
Sans vocation, pas de médecin
Se déplaçant de village en village, répondant à l’invitation ou la demande d’une personne ou d’une famille, la nouvelle de l’arrivée d’un médecin se répand généralement rapidement par le bouche à oreille. A l’arrivée, ce n’est donc pas un patient, mais plusieurs, parfois un grand nombre, qui attendront l’Amchi tant espéré. Les consultations se déroulent dans la maison de l’invitant, transformée à l’occasion en cabinet improvisé, avec d’un côté une salle d’attente, de l’autre une salle de consultation où le médecin donnera lui-même les traitements à ses patients, sans horaires ni vacances. C’est cet engagement corps et âme qui donnent aux médecins tibétains une aura très particulière et une véritable vénération de la part du peuple tibétain qui reconnaît en eux des êtres pleins de compassions envers leurs semblables. Car même la rétribution du médecin dépend, non pas du bon vouloir du médecin, ni même du coût du traitement, mais bien de la capacité que le malade ou sa famille à le rémunérer.
C’est souvent le médecin qui fabrique les médicaments qu’il distribue à ses patients ; il les testera auparavant pour s’assurer de leurs qualités positives – ceux-ci sont nombreux (le Rgyud bzhi en recense plus de 2.000 !) et complexes puisqu’ils peuvent allier une trentaine de plantes, minéraux et autres éléments naturels.
La modernisation laisse place à une organisation plus occidentale
Mais la véritable tradition tibétaine s’efface peu à peu pour laisser place à des schémas d’organisation plus proches de ceux connus en Occident. On rencontre encore les médecins dans les villages, mais ils sont nombreux aujourd’hui à intégrer des hôpitaux, qui utilisent des méthodes traditionnelles et modernes – ces hôpitaux se situant eux-mêmes dans des villes, loin des nomades ou encore de nombreux agriculteurs.