Lorsque le diagnostic le permet, le médecin tibétain essaie toujours de placer une emphase particulière sur la méthode douce du traitement. Puisque les éléments cosmo-psycho-physiques sont dans un état fragile d’équilibre dynamique, tout problème mineur dû à un régime alimentaire déséquilibré, un style de vie disharmonieux ou des conditions climatiques défavorables, viendra perturber le mécanisme homéostatique. C’est pour cette raison que la première ligne sur les soins médicaux dans la médecine tibétaine est consacrée au suivi d’un régime alimentaire sain et l’observation d’un style de vie harmonieux.
La nécessité d’un régime alimentaire correct est particulièrement soulignée au long du Rgyud bzhi, puisque trois chapitres entiers lui sont consacrés. Ceux-ci classent les différentes variétés de nourriture et de boissons, leurs utilisations, les précautions qu’il faut avoir leur égard et les volumes de nourriture qu’il faut absorber en principe.
Cette approche alimentaire est complétée par une approche comportementale également primordiale, les régimes comportementaux étant classés en trois catégories: le comportement quotidien, le comportement saisonnier et le comportement exceptionnel.
Le comportement quotidien se rapporte à l’utilisation correcte du corps, de la parole et de l’esprit. Les occupations ou environnements qui sont émotionnellement perturbants ou hasardeux sont largement déconseillés. Se tenir régulièrement à un tel comportement contribuera – toujours selon le Rgyud bzhi – non seulement à atteindre une bonne santé et une vie confortable mais aussi la longévité et le bonheur. L’emphase y est donnée afin d’inciter à mener une vie spirituelle pour minimiser ses propres souffrances dans la vie et ultimement atteindre la Bouddhéité (l’état ultime de la réalisation spirituelle selon le bouddhisme tibétain).
Pour respecter le comportement relatif aux saisons, l’individu devra rester attentif à la transformation de l’énergie dans son corps en respectant l’évolution de son environnement. Il devra s’efforcer d’harmoniser son comportement avec tous ces changements extérieurs.
Par exemple, les deux premiers mois d’hiver, le froid extérieur bloque tous les pores du corps et par conséquent l’énergie Feu ; l’air stimule la chaleur ; la nourriture devra donc contenir des goûts sucrés, salés et aigres, sans quoi l’ensemble des constituants corporels s’affaibliraient.
Le début de l’hiver est aussi une période ou les nuits sont plus longues et ou la faim se fait plus sentir. Prendre peu de nourriture pendant cette longue période hivernale contribuerait à affaiblir les sept constituants corporels. Pour remédier à ce déséquilibre, le Rgyud bzhi recommande de masser le corps avec de l’huile de sésame, prendre des nourritures et des boissons nutritives.
Enfin, si chaque saison devra faire l’objet d’un régime adapté à ses caractéristiques propres, l’individu devra aussi respecter, lorsque le besoin s’en fera ressentir, un régime comportemental exceptionnel. Celui-ci se traduit à travers des besoins impérieux comme une faim ou une soif insatiables ou d’autres besoins urgents- qui ne doivent pas être supprimés mais pour lesquels il faut laisser la nature suivre son cours.